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Article paru en mars 1997 dans le numéro 19 de la revue du Service Départemental de l’Aide Sociale à l’Enfance du Conseil Général de la Vienne (Cette revue qui s’intitulait « La parentèle » n’existe plus aujourd’hui)

 

Depuis 2005, les « assistantes maternelles » qui accueillent des enfants confiés par l’Aide Sociale à l’Enfance ont pris le nom d’ « assistantes familiales », le nom d’assistantes maternelles étant réservé aux personnes qui accueillent des enfants à la journée, dans le cadre de la PMI. L’article ci-dessous s’adresse donc à des  assistantes « familiales » qui sont sans aucun doute toujours « maternelles », mais qui ne portent plus ce nom.

 

 

Comment peut-on définir la maltraitance ?

 

On n’a jamais vraiment réussi à trouver une définition globale satisfaisante. Dans la Convention Internationale des Droits de l’Enfants du 20 novembre 1989, l’article 19 dit que : « Les Etats prennent toutes les mesures législatives, administratives, sociales et éducatives appropriées pour protéger l’enfant contre toutes formes de violence, d’atteinte ou de brutalités physiques ou mentales, d’abandon ou de négligence, de mauvais traitements ou d’exploitation, y compris la violence sexuelle, pendant qu’il est sous la garde de ses parents ou de l’un d’eux, de son ou ses représentants légaux ou de toute autre personne à qui il est confié ».

 

En France, l’O.D.A.S. propose la classification suivante :

« L’enfant maltraité est celui qui est victime de violences physiques, d’abus sexuels, de cruauté mentale, de négligences lourdes ayant des conséquences graves sur son développement physique et psychologique ».

 

Les violences physiquessont certainement les plus faciles à diagnostiquer puisqu’elles laissent des traces : ecchymoses, hématomes, plaies, brûlures, fractures, perte de cheveux…

 

Pour les violences sexuelles, on peut retenir les définitions légales données par le nouveau Code Pénal qui distingue :

Les atteintes sexuelles, faites sans violence (relations physiques acceptées par un mineur de plus de 15 ans, climat de débauche, exhibition…)

Et les agressions sexuelles qui sont des actes  à caractère sexuel (viol, caresses, attouchements) commis avec violence, contrainte, menace ou surprise.

 

Le viol est défini comme un acte de pénétration sexuelle de quelque nature qu’il soit. La sodomie, la fellation, la pénétration digitale sont donc bien considérées comme des viols.

 

Les sanctions pénales sont aggravées quand ces faits sont commis par un ascendant (c’est le cas de l’inceste) ou par une personne ayant autorité sur l’enfant (même une assistante maternelle !)

 

Les autres catégories sont plus difficiles à définir.

 

Par cruauté mentale (on parle aussi de violences psychologiques graves) on entend les humiliations verbales ou non verbales, les menaces répétées, la marginalisation ou la dévalorisation systématiques, les exigences éducatives excessives, tout ce qui peut provoquer des troubles des conduites sociales et des sentiments d’auto-dépréciation.

 

La négligence lourde se manifeste en particulier par la dénutrition, l’hypotrophie staturo-pondérale et le nanisme psycho-social.

 

Ces différentes manifestations de la maltraitance peuvent apparaître conjointement. Elles expriment un même dysfonctionnement des relations à l’intérieur de la famille.

 

Comment accueillir un enfant maltraité en placement familial ?

 

Pour accueillir un enfant maltraité, il faut d’abord savoir qu’il a été maltraité. Or, il arrive encore que les travailleurs sociaux, référents de l’enfant, hésitent à communiquer à l’assistante maternelle les raisons du placement de manière à ce que l’assistante maternelle voie d’abord l’enfant et non pas les symptômes ou difficultés qui ont motivé la séparation d’avec le milieu familial. Mais il me paraît souhaitable que l’assistante maternelle, partenaire de l’équipe qui vient en aide à l’enfant, ait un niveau d’information suffisant sur l’enfant, son histoire, sa famille et les raisons de son placement.

 

On sait que l’enfant maltraité risque en effet de reproduire dans son nouveau milieu de vie des comportements qui provoquent la violence qu’il a connue auparavant. Il vaut donc mieux être informé et il est très souhaitable que l’enfant sache que l’assistante maternelle est au courant de ce qu’il a vécu. Et lorsque le travailleur social expliquera devant l’enfant les raisons de son placement, il serait important que l’assistante maternelle puisse préciser à l’enfant les nouvelles règles du jeu, à savoir qu’il y aura des punitions s’il fait des bêtises, mais qu’on peut l’assurer qu’il n’y aura pas de sanctions violentes (ni de comportements sexuels douteux !). Ceci suppose d’être sûr de tenir un tel engagement, bien entendu.

 

Il est important aussi de tenir des discours et d’avoir des attitudes qui évitent toute disqualification des parents de l’enfant. Cela donnerait quelque chose comme : « tes parents devaient avoir beaucoup de difficultés eux-mêmes. Ce n’est pas à moi de les juger. Ce sont quand même tes parents. En tout cas, ici, il n’y aura pas de violence ».

 

Que faire quand un enfant révèle, au cours du placement, qu’il a été victime de violences physiques ou sexuelles dans sa famille ?

 

L’assistante maternelle annonce parfois qu’elle ne veut pas recevoir d’enfants victimes de relations incestueuses, parce que cela lui fait peur. Or, certains enfants placés révèlent de tels faits seulement après un certain temps de séjour en placement familial. L’assistante maternelle est alors surprise, parce qu’elle n’avait rien perçu de cette réalité. Cela signifie que l’enfant victime d’abus sexuels est d’abord un enfant comme les autres et qui peut vivre avec sa souffrance jusqu’à ce qu’il la dise ou qu’il la montre par des signes dans son comportement.

 

Quand un jeune révèle des violences physiques ou sexuelles à son assistante maternelle, c’est d’abord le signe qu’il se sent suffisamment en confiance et en sécurité pour pouvoir en parler, car une telle révélation est toujours difficile pour l’enfant. C’est donc d’abord son courage pour parler qu’il faut valoriser. En acceptant d’entendre ses confidences, l’assistante maternelle justifie la confiance qui lui est faite.

 

Mais cette attitude d’écoute confiante doit être aussi vigilante. Il n’est pas rare que l’enfant, après avoir parlé, réclame le secret sur ce qu’il vient de dire, pour ne pas faire d’ennuis à ses parents ou par crainte de représailles personnelles. Il est tout à fait fondamental de refuser de se laisser enfermer dans un quelconque secret de cet ordre avec l’enfant. On peut lui expliquer que la loi fait obligation à chaque citoyen de signaler de tels faits pour protéger les enfants. Il est donc nécessaire, après avoir laissé l’enfant révéler tout ce qu’il a à dire, d’en parler aussitôt au travailleur social, pour étudier ensuite avec l’enfant comment on va pouvoir le protéger au mieux.

 

Existe-t-il des signes qui révèlent à coup sûr des abus sexuels ?

 

Non. Tous les troubles du comportement, depuis le désintérêt scolaire jusqu’à la fugue ou la tentative de suicide, sont des signaux d’alerte qui ont un sens, pas toujours facile à comprendre, et qui peuvent évoquer aussi bien des abus sexuels que toute autre forme de dysfonctionnement personnel ou familial. Cela peut même trouver son sens dans le placement familial lui-même. Il est indispensable de ne pas attendre pour parler avec le travailleur social pour chercher ensemble quel sens donner à ces comportements.

 

Certains comportements très sexualisés, très érotisés, tels qu’une masturbation fréquente et en public, ou des agressions sexuelles sur des plus jeunes, doivent toutefois faire penser d’abord à une possibilité que l’enfant a été victime d’abus. Mais attention à ne pas voir des abus sexuels partout, à ne pas questionner les enfants de façon inquiète. De même, en cas de révélation par un enfant, veillez à ne pas paniquer vous-même. Votre écoute doit le rassurer, l’assurer de votre protection et non lui transmettre votre panique.

 

Pourquoi les parents maltraitent-ils leurs enfants ?

 

Il faut d’abord rappeler qu’il n’y a pas que les parents qui maltraitent les enfants. Les enseignants, les éducateurs, les assistantes maternelles, toutes les professions qui s’occupent d’enfant sont en risque de violence physique, sexuelle ou psychologique. Mais il est vrai que la plupart des signalements qui arrivent sur les bureaux des Juges concernent des violences « domestiques ».

 

Ce sont le plus souvent des façons d’appeler à l’aide, de crier sa souffrance, sa difficulté, son impuissance, sa solitude. Utiliser un enfant pour montrer sa détresse est évidemment une manière inadaptée de la faire, et qui plus est illégale. Mais si ces familles savaient communiquer avec des mots pour dire leur souffrance, elles n’auraient pas besoin de frapper l’enfant. Si elles savaient contrôler leurs émotions et leurs actes, elles n’en viendraient pas à cogner ou à caresser et abuser leur enfant. Les familles maltraitantes ou incestueuses sont souvent des familles aux relations très complexes, et ce sur plusieurs générations, avec chez les adultes une immaturité pathologique, une détresse psychologique et une incapacité à considérer l’enfant comme un enfant.

 

Le placement en famille d’accueil permet à l’enfant d’être protégé, de souffler, mais aussi d’acquérir des moyens d’expression, de libérer sa parole, de lui apprendre à se contrôler et aussi d’apprendre un autre modèle relationnel que celui de la famille. Mais la tâche de l’assistante maternelle est très délicate. Elle doit à tout prix éviter de disqualifier la famille, car l’enfant, même maltraité, même abusé, reste très souvent attaché à ses parents et cherche à les protéger. Il est indispensable de respecter aussi ce lien fondamental qui reste à la base de la constitution de sa personnalité.

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