« …La délinquance n’est pas un état permanent. On y rentre puis on en sort, un jour. Il existe bien une vie après la peine…
…On constate chez presque tous les détenus, dans leur vie quotidienne d’après-prison, un trait commun que l’on pourrait presque laisser de côté comme un dégât collatéral et inévitable : la présence de séquelles psychiques de l’enfermement. Ces séquelles sont nombreuses et propres à chacun, d’intensité différente et pouvant prendre des formes surprenantes. Ne pas pouvoir franchir une porte, dormir chaque nuit dans un recoin du lit, répéter inlassablement les habitudes de l’encellulement, sentir monter en soi des réflexes de méfiance et de violence nés en prison… De façon plus générale, beaucoup expriment une perte de la confiance et une dégradation de l’estime de soi. Tous ces symptômes sont inquiétants car ils traduisent un effet profond de la prison qui contredit l’un des objectifs affichés : la réinsertion. Or, l’emprisonnement tel qu’il est vécu par les détenus semble un désapprentissage progressif des relations humaines ordinaires, alors qu’il devrait aboutir à forger un individu lieux armé pour affronter les difficultés de la vie. Comme s’il fallait, une fois libéré, commencer par réparer ce que la prison a cassé avant de construire une autre vie…
…À nous de regarder ces hommes et ces femmes, non pas comme des exilés de l’intérieur mais comme des citoyens qui, après avoir purgé leur peine, regagnent la vie ».
Extraits de « La vie après la peine » Grasset 2014, dernier livre de Serge PORTELLI, magistrat, qui viendra à CAEN lundi prochain 30 novembre, à 20 heures 30, Amphi Tocqueville à l’Université – campus 1, pour parler de l’exécution des peines après la sortie de prison, dans le cadre du séminaire organisé par l’association Démosthène (www.demosthene.asso.fr).
Venez nombreux.
M. Suard